Selon l’agence Bio, la consommation de produits labellisés atteint un nouveau record à 11,9 milliards d’euros de CA en France. L’Hexagone fait ainsi quasiment jeu égal avec l’Allemagne, en tête des pays européens en ce qui concerne la consommation bio. Même constat hors domicile avec des achats estimés à 640 M€, soit une progression de 16,4 % tirée par la restauration collective. La crise du Covid-19 a accéléré la tendance. Pendant le confinement les ventes de farine conventionnelle ont augmenté de 204 %, et grimpé de 242 % en version bio (enquête Nielsen). La grande partie de cette croissance est venue des hypers et supermarchés dont l’activité bio a crû de 30 %. Mais aussi des marchés et producteurs locaux. Face à cette consommation en hausse, les surfaces cultivées en bio ne cessent de s’agrandir, doublant en l’espace de cinq ans.
Toujours selon une enquête menée par l’Agence Bio en novembre 2019, 86 % des cantines scolaires interrogées ont introduit des aliments bio, contre seulement 38 % des établissements de santé et à vocation sociale. L’offre concerne en premier lieu les fruits et légumes et, dans une moindre mesure, les produits laitiers. Les produits carnés et le pain arrivant nettement en retrait. Parmi les cantines qui jouent d’ores et déjà le jeu, seuls 34 % sont en capacité de composer des menus entiers, labellisés de l’entrée au dessert. En cause : le prix. De l’avis général, le bio engendre un surcoût d’environ 20 % dans l’achat des matières premières. Un obstacle brandi par les établissements réfractaires. Pourtant, des solutions existent pour lisser les coûts, comme nouer des partenariats locaux, limiter le gaspillage, acheter davantage de produits bruts, privilégier les plats végétariens ou réduire les portions. Malgré les freins encore existants pour certains établissements, la part du bio progresse significativement dans les cantines scolaires.
Non concernée par la loi Égalim, la restauration commerciale peine à faire une place au bio avec une part de marché d’à peine 2,6 % et une croissance deux fois moindre que dans la restauration collective. Deux bonnes nouvelles : selon le rapport de l’Agence Bio, 45 % des restaurateurs estiment que leurs achats en bio vont augmenter l’an prochain. Par ailleurs il sera désormais possible de certifier son établissement, les bons élèves pouvant apposer le logo français AB sur leur devanture. Avec plusieurs niveaux de labellisation pour laisser à chacun le temps d’entrer dans le bio : niveau 1 pour les restaurants proposant 50 % à 75 % d’ingrédients biologiques en valeur d’achat à 3 pour ceux achetant plus de 95 % en bio. De quoi attirer les consommateurs, de plus en plus sensibles à la santé et à l’environnement.
Les spécialistes du bio n’ont plus le lead. Les géants de l’agro-alimentaire dominent désormais le secteur. Carrefour et Leclerc se disputent la place de premier vendeur de produits bio en France, avec des marques 100 % bio (Bjorg, Jardin Bio, Nutrition & Santé et Ethiquable), des « MDD » comme U Bio ou Casino Bio et des marques bio appartenant aux groupes agroalimentaires (Unilever, Nestlé, Danone, Norac, etc.). Ces dernières détiennent désormais 38,5 % du marché, contre 33,2 % pour les MDD et 28 % pour les marques 100 % bio… Pour grignoter des parts de marché, les grandes surfaces ont tiré les prix vers le bas. Résultat : le sondage de l’Agence Bio indique que 77 % des Français achètent leurs carottes bios dans les grandes surfaces. Et que seuls 24 % fréquentent les boutiques spécialistes du bio. Si les produits frais constituent l’essentiel du marché bio de détail (57%), les produits transformés gagnent du terrain, notamment aux rayons surgelés, glaces, pizzas et légumes se situant en haut du panier.